A Cannes, le maire David Lisnard a pris le 28 juillet un arrêté municipal interdisant le port du burkini sur les plages de la ville: c’est un maillot de bain qui couvre intégralement le corp.
Ce vendredi, le Collectif contre l’islamophobie en France a annoncé avoir saisi la justice en référé-liberté afin de contester ce texte.
« Il ne s’agit pas d’interdire le port de signes religieux à la plage », précise Thierry Migoule, directeur général des services de la ville de Cannes, « mais les tenues ostentatoires qui font référence à une allégeance à des mouvements terroristes qui nous font la guerre ». Une mesure qui fait polémique dans un contexte national déjà bien tendu.
« Cet arrêté renforce la stigmatisation des personnes de confession musulmane, renchérit Nicolas Cadène, rapporteur de l’Observatoire de la laïcité, une instance publique qui a vocation à assurer le respect de ce principe en France. Il faut en appeler à la responsabilité des élus, qui ne doivent pas créer ces polémiques inutiles qui alimentent le repli sur soi, les provocations et la stigmatisation d’une partie de la population. Cela accroît le climat de défiance qu’il y a déjà dans le pays, sans compter que ce texte crée un problème là où il n’y en avait pas, puisqu’aucune femme en burkini n’avait été vue sur les plages cannoises, relève-t-il. On peut être opposé à cette tenue, la juger contraire à certaines valeurs mais dans ce cas, cela relève du débat d’idée ».
« Si l’interdiction du voile intégral dans l’espace public repose, elle, sur un motif de sécurité publique, le principe de laïcité ne peut pas être invoqué pour justifier l’interdiction du burkini », confirme Nicolas Cadène, de l’Observatoire de la laïcité, et pour qui l’arrêté est sans fondement. « Rien n’interdit le port de signes religieux dans l’espace public. Sur la base de quel motif le maire peut-il se baser pour viser ce seul modèle de maillot ? Y a-t-il un trouble à l’ordre public quand des personnes se déplacent en tenue de plongée sur une plage ?, ironise-t-il. La laïcité n’est pas une notion que l’on peut manipuler pour instaurer une police vestimentaire ». Dans les rangs de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), on parle d’un « abus de droit » de la part du maire et on s’interroge sur l’arrivée prochaine d’une « police des mœurs » à Cannes.
Et vous?, que pensez vous à propos de cette interdiction?